Forum "Web et réseaux sociaux"

Jeudi 11 Avril 2013
 
Soutenu par l'ARC6 « Technologies de l'Information et de la Communication et Usages informatiques innovants » de la Région Rhône-Alpes, dans la suite du projet Web Intelligence
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Problématique

Le développement du WEB 2.0 et l'émergence des réseaux sociaux sur Internet a suscité un regain d'intérêt de la communauté scientifique en informatique mais aussi d'autres disciplines (sociologie, économie, etc.) pour les réseaux sociaux. Il s'agit d'analyser les réseaux du Web 2.0 (Facebook, Twitter, LinkedIn etc.) et les applications ou services qui y peuvent y être associées ou bien d'étudier ces réseaux en tant que modèles de représentation plus génériques. Les applications et services associés aux réseaux sociaux peuvent être de multiples formes. On pensera notamment aux services de recommandation ou de recherche d'information, mais également aux applications plus ciblées comme des jeux ou des systèmes de partage de la connaissance. Les modèles de représentation associés aux réseaux sociaux sont des modèles de graphes, qui ont déjà par exemple aidé à appréhender d'autres systèmes complexes comme des systèmes biologiques.

L'objectif de ce forum est de réunir des acteurs très divers du Web, académiques, industriels ou associatifs, informaticiens ou spécialistes d'autres disciplines concernés par l'étude et l'exploitation des réseaux sociaux et de leur offrir un cadre de diffusion de leurs travaux scientifiques mais aussi d'échange et de partage d'expertises et d'expériences capitalisées.

Résumés des interventions

Sihem Amer-Yahia, LIG-HADAS, CNRS - La Préparation de Données dans la Construction des Applications Sociales

Le Web, initialement une plateforme technologique, est devenu un véritable éco système social. Sur le Web social, nous trouvons des données factuelles et objectives telles que les coordonnées d'un restaurant, des données comportementales telles que les échanges entre amis et enfin, des données subjectives comme l'opinion d'un utilisateur exprimée sous forme d'une revue textuelle, d'une étiquette en quelques mots, d'une note numérique ou d'étoiles. Ces données brutes ont besoin d'être filtrées et organisées pour en extraire des informations utiles et permettre le développement d'applications sociales qui apportent une valeur ajoutée aux utilisateurs. Dans cet exposé, je décrirai la préparation de données, une étape incontournable de la construction d'une application sociale, à travers un exemple d'extraction d'itinéraires touristiques à partir de photos. Je finirai avec un résumé des défis scientifiques soulevés par la construction et le déploiement de telles applications.

David Combe, LaHC, Université Jean Monnet - ToTeM: une méthode de détection de communautés adaptée aux réseaux d'information [Transparents]

Alors que les réseaux sociaux s'attachaient à représenter des entités et les relations qui existaient entre elles, les réseaux d'information intègrent également des attributs décrivant ces entités ; ce qui conduit à revisiter les méthodes d'analyse et de fouille de ces réseaux. Dans cet séminaire, nous présentons une méthode de classification des sommets d'un graphe qui exploite d'une part leurs relations et d'autre part les attributs les caractérisant. Cette méthode reprend le principe de la méthode de Louvain en l'étendant de façon à permettre la manipulation d'attributs continus d'une manière symétrique à ce qui existe pour les relations.

Julien Subercaze LT2C, Telecom Saint-Etienne, Université Jean Monnet - Extraction de commentaires sur le web

Les données sociales sont la matière première de nombreux métiers autour du web : veille, analyse d'opinions, recommandations, etc. Acquérir ces données est un enjeu majeur pour les acteurs du domaine. Actuellement les données issues de Facebook et de Twitter représentent la majeure partie des matières premières de ces services. Cependant ces données ne constituent pas l'exclusivité des données sociales du Web. Les commentaires utilisateurs sur les sites Web, par exemple sur les sites de presse, constituent un réservoir de données intéressantes qui sont difficilement accessibles aux outils d'extraction d'information. Dans cet exposé, je vais présenter nos travaux en cours sur l'extraction de ces commentaires, basés sur des techniques de fouille de sous arbres fréquents.

Johann Stan, Institut Henri Fayol, Ecole des Mines de Saint-Etienne - Recherche d'information, web sémantique et réseaux sociaux: le point de rencontre

Nous présentons nos travaux qui s'inscrivent dans le paradigme très actuel de la recherche sociale d'information, un domaine de recherche relativement récent, très mouvant, qui se démarque profondément du domaine traditionnel de la recherche d'information par une succession de renversements conceptuels.
En effet, la recherche ne s'effectue pas dans un monde de documents mais dans un monde d'interactions, telles qu'elles s'effectuent via les microposts (par ex. : les données Twitter) au sein des plateformes sociales. Le contenu même de ces microposts ne peut être considéré pour constituer une réponse pertinente aux requêtes, et il s'agit plutôt de rechercher des profils d'experts parmi les individus à l'origine de ces échanges. La construction de profils dynamiques de ces experts constitue ici un enjeu central : ils ne peuvent non plus être caractérisés par les contenus qu'ils consomment, mais par ceux qu'ils produisent. Des verrous majeurs surgissent dès lors, liés au caractère parcimonieux des données contenues dans les microposts. Plus particulièrement, ce projet de recherche vise l'extraction de connaissances utiles à partir des messages partagés dans les réseaux sociaux pour construire un profil utilisateur composé de concepts sémantiques, ainsi que l'utilisation de ces profils pour la recommandation des experts.

Stéphane Grumbach, équipe-projet DICE, INRIA - INSA de Lyon - Géopolitique des données personnelles

Les systèmes du Web 2.0, de la mobilité et de la dématérialisation sont principalement développés aux Etats-Unis ou en Asie. L'Europe qui accuse un retard important prend des risques stratégiques en ne développant pas les systèmes de base de la société de l'information comme les moteurs de recherche ou les rseaux sociaux par exemple qui accumulent la donnée mondiale, pétrole de l'économie de demain. Nous présenterons un bref "état du monde" de l'industrie des données personnelles et discuterons des enjeux pour la souveraineté.

Stéphane Frenot, équipe-projet DICE, INRIA - INSA de Lyon - The Twittering machine

Microblogs, although extremely peculiar pieces of data, constitute a very rich source of information, which has been widely exploited recently, thanks to the liberal access Twitter offers through its API. Nevertheless, computing relevant answers to general queries is still a very challenging task. We propose a new engine, the Twittering Machine, which evaluates SQL like queries on streams of tweets, using ranking techniques computed at query time. Our algorithm is real time, it produces streams of results which are refined progressively, adaptive, the queries continuously adapt to new trends, invasive, it interacts with Twitter by suggesting relevant users to follow, and query results to publish as tweets. Moreover it works in a decentralized environment, directly in the browser on the client side, making it easy to use, and server independent.

Valérie Charrière, Cécile Dejoux, Françoise Dupuich, ISC Business School Paris, Laboratoire Lirsa - L'impact des réseaux sociaux et des compétences émotionnelles dans la recherche d'emploi : étude exploratoire [Transparents]

Notre recherche cherche à comparer les outils mobilisés dans une recherche d'emploi (et plus particulièrement les outils liés aux réseaux et aux compétences émotionnelles) entre des individus issus de la génération Y qui recherchent un premier emploi et ceux plus âgés qui suivent une formation continue. En d'autres termes, la question de recherche peut se formuler de la façon suivante : « dans quelle mesure la mobilisation des réseaux sociaux se manifeste dans la recherche d'emploi ? Et quels sont les profils émotionnels associés ?».
Nous avons approfondi cette question à partir d'une recherche empirique sur deux groupes d'individus : des adultes en formation continue et des jeunes sortant d'une école supérieure de commerce. Nous avons pu établir des relations entre les variables et élaborer une typologie des "chercheurs d'emplois" en fonction des outils utilisés dans les réseaux sociaux et des compétences émotionnelles mobilisées.

Jean-Marie Favre, LIG-SIGMA, Université de Grenoble - Recherche 2.0 - De la théorie à la pratique, Quelques exemples appliqués à la recherche en Génie Logiciel [Transparents]

La Recherche étant intrinsèquement un système social, il est naturel de penser que l'apparition des réseaux sociaux (2.0) provoquera, comme dans l'ensemble des autres secteurs de la société, ce que certains ont qualifié de (r)évolutions 2.0 [1]. Dans cette présentation nous montrons comment de telles perspectives, malgré certaines résistances initiales du monde «Académique », se place en fait dans le contexte historique plus global de l'évolution des « Sciences » et de la société. Certaines des grandes idées qui se retrouvent sous des vocabulaires variés (e-research, e-science, science 2.0, computational science, etc.) seront brièvement esquissées. On se concentrera plus particulièrement sur l'impact des réseaux sociaux et sur les activités et les artefacts de recherche. Des notions telles que les Objets de Connaissance Scientifique (Scientific Knowledge Object - SKO - en anglais) seront brièvement présentées. Différents exemples issus des travaux dans le domaine de la recherche en Génie Logiciel seront présentés à titre d'illustration. On s'attachera à montrer que l'évolution des pratiques de recherche est en marche et que la science elle-même s'en trouvera naturellement et progressivement transformée.

[1] « Révolution 2.0 : Comment le Net va (encore) changer la vie » ? Le Monde, Courrier International , Hors-série n° 2007-3 du 01.10.2007

Jean-Claude Domenget, ELLIADD-OUN (Objets et Usages Numériques), Université de Franche-Comté - Entre visibilité, e-reputation et enjeux éthiques : analyser les usages professionnels des médias sociaux [Transparents]

S'il dépend aujourd'hui à chacun de construire son e-réputation, de travailler sa visibilité pour exister, ce qui participe de son identité numérique ; les médias sociaux (réseaux socionumériques du type Facebook, sites de réseautage comme Linkedin, plate-forme de micro-blogging comme Twitter etc.) et les usages qu'ils permettent (veille, participation, conversation, réseautage etc.) sont très divers. Dans de nombreuses professions (journalistes, politiques, communicants etc.) leurs usages professionnels des médias sociaux ont connu une forte instrumentalisation posant un certain nombre d'enjeux. Ces enjeux sont de trois ordres : liés à la personne, l'individu ou la société ; et ne se résument ni à la définition d'une charte éthique ni à l'élaboration d'une liste de bonnes pratiques. Ils doivent être conçu comme une éthique en pratique. L'objectif de cette intervention est d'analyser les modalités de construction de sa visibilité et de son e-réputation sur les médias sociaux, sujet à controverses d'un point de vue éthique dans de nombreuses professions. Elle s'appuie sur un terrain de recherche questionnant l'articulation entre impératif de visibilité pour exister et enjeux éthiques dans les usages de Twitter par des professionnels de la visibilité. Les résultats de ce terrain permettent de recadrer la question de la visibilité, de l'e-réputation et de son instrumentalisation dans différents processus sociotechniques en cours (mutation de nombreuses professions, développement de vastes systèmes de recommandation ; industrialisation des formes de présence ; renouvellement des figures du public avec l'essor de comptes « experts », comme figure de proue du « paysage réputationnel » etc).